Observatoire des débits - Zoom sur 20 grandes villes de France (année 2022)

Iillustration par TomZZ

Les 20 plus grandes villes représentent 14% de la population métropolitaine. La plus grande concentration de l'habitat justifie un développement plus rapide de la 5G, notamment de sa variante apportant une largeur de bande complémentaire de 70 MHz en 3,5 GHz. Nous avons donc cherché à connaître l'avancement du déploiement sur ce parc privilégié par tous les opérateurs.
NB : Il s’agit, dans cette analyse, des communes stricto sensu et non des aires urbaines.


 

I - Contexte

Le déploiement de la fréquence haute (et large) amenant le plus en performances est assez hétérogène.
Paris intra-muros, avec ses plus de deux millions d’habitants, est assez logiquement, de très loin en tête du peloton.
Trois autres villes comme Marseille, Nice et Toulouse dépassent les cinquante sites sur-équipés.
D’autre part, quelques villes, pourtant très peuplées comme Lyon, ou même comme Strasbourg et Rennes peinent à déployer la fréquence haute.


L’examen des pourcentages de sites selon leurs trois familles de situation (5G performante en bleu foncé, 5G équivalente en performance à la 4G en bleu clair et 4G seule en vert), permet de mieux visualiser les différences d’avancement du projet 5G au sein du parc de Freemobile dans les vingt grandes villes.

On notera que l’étude étant limitée aux mesures réalisés en 5G, les sites n’émettant qu’en 4G sont hors du champ de l’analyse.

Si le regroupement des vingt villes se situe assez naturellement deux fois au-dessus de la valeur nationale en terme d’équipements en fréquence haute (42 % vs 23%), la disparité entre les villes est considérable (de 18 % à Rennes vs 97% à Dijon).
Pour les villes signalées par un astérisque, il était attendu qu’elles soient désavantagées par la présence d’un parc de sites indoor. Il s’agit essentiellement des lignes de métro qui n’ont pas vocation à être équipées en 5G à court terme.


 

II - 1 - Tableau des médianes et moyennes de 20 villes et autres indications utiles

Le tableau ci-dessus présente les informations suivantes pour chacune des vingt villes mentionnées :

• la population concernée (INSEE 2018),
• le nombre de tests de débits réalisés en 5G dans la commune en 2022,
• les valeurs des mesures de débits descendants moyens mesurés en 5G (maxi, moyenne et médiane),
• le nombre d'antennes en service présentes dans la commune(**) et leur faculté d'émission (sites actifs toutes fréquences et technologies, dont ceux émettant en 5G toutes fréquences et dont ceux recourant à la fréquence de 3,5 GHz),
• la part relative de ces trois situations (émission en 4G uniquement et en 5G avec ou sans bande haute),
• le nombre d'habitants ramenés au nombre d'antennes en service émettant sur la fréquence 3,5 GHz qui seule apporte une amélioration substantielle des débits.

Les valeurs non représentatives figurent avec un fond gris foncé lorsque la base dispose de moins de 250 mesures. Les valeurs les plus signifiantes ont un fond vert clair quand leur nombre dépasse les 500.

(**) Rappel : Il s'agit des communes au sens strict et non des aires urbaines. En zone limitrophe entre deux communes, la mesure étant affectée à la position de la mesure, peut concerner l’antenne de la localité voisine. Néanmoins, ce cas de figure est assez exceptionnel.

NB : La dernière ligne représente les résultats regroupés sur l'ensemble des vingt communes et la première ligne de données indique les mêmes éléments à l'échelle métropolitaine.


 

II - 2 - Graphes des médianes, moyennes et ratio habitants des 20 villes

Les principales valeurs du tableau ci-dessus sont représentées graphiquement pour en faciliter la lecture et l’interprétation pour les valeurs médianes, les moyennes et le ratio habitants.

II - 2a - Graphes des médianes des 20 villes

Les valeurs médianes sont représentées sur le graphique ci-dessous.

Si la valeur médiane des vingt villes est supérieure de 12 % à la médiane métropolitaine (385 Mbps vs 343 Mbps), les valeurs extrêmes oscillent entre 100 Mbps à Grenoble et 551 Mbps à Dijon. En ne tenant compte que des communes disposant d’un nombre acceptable de mesures, la fourchette se resserre entre 325 Mbps à Nantes et 551 Mbps à Dijon.
L’écart peut paraître important, mais la performance de Dijon reflète un taux d’équipement en fréquence haute particulièrement élevé (97 % des sites disposent de la fréquence de 3,5 GHz). Et l’absence de 5G avec la seule fréquence basse fait que 100 % des tests en 5G bénéficient d’une performance optimale (à l’instar de l’opérateur Orange qui a fait le choix marketing de n’équiper ses sites 5G que de la seule fréquence haute, ce qui a pour effet d’enjoliver les performances de la 5G - pour justifier une hausse tarifaire, peut-être). Freemobile a fait le choix inverse.
Il est donc cohérent que la ville de Nantes dont le ratio « habitants par antenne performante » est assez défavorable (14731 vs 4129 à Dijon) se classe en bas de fourchette des villes disposant de plus de 200 tests. De plus, la présence de 5G en fréquence basse contribue à la baisse des performances – au moins dans la zone d’émission de ces antennes non couvertes simultanément par un site disposant de fréquence haute (« effet intersite »).

 
II - 2b - Graphes des moyennes des 20 villes

Les valeurs moyennes sont représentées sur le graphique ci-dessous.

 

II - 2c - Graphes des ratios habitants des 20 villes

Ce graphe visualise les écarts importants d’équipement selon les villes qui sont responsables de performance plus ou moins favorables.

Dijon - déjà largement en tête de liste en fin de premier trimestre 2022(*) - améliore encore son taux d’équipement en fréquence haute et atteint un ratio de 97 % contre 94 % en 2021. Cette amélioration est accompagnée d’une densification de la commune (38 des 39 sites sont équipés en 3,5 GHz fin 2022 vs 31 sites sur 33 début 2022).
A contrario, Lyon, Marseille, Rennes et Strasbourg sont en retrait en regard du ratio métropolitain (>15013).
Grenoble et Nantes dépassent largement le ratio des vingt villes (9933) tout en restant en-deça du ratio métropolitain.
En revanche, Angers, Bordeaux, Lille, Nice et Villeurbanne bénéficient d’un ratio favorable à l’instar de Dijon. Et les autres villes se situent à proximité du ratio de leur regroupement.

(*) Voir Observatoire des débits – bilan au 1er trimestre 2022.

L'analyse des profils de débit par ville figure au paragraphe suivant pour les villes disposant d’un nombre suffisant de mesures de débits.


 

II - 3 - Profil des grandes villes les plus testées

Les profils de débit des communes sont comparés aux valeurs métropolitaines représentées en pointillé pour les villes présentant un nombre suffisant de mesures.

Rappels : La base utilisée intègre toutes les mesures effectuées au cours de l’année 2022 (on se reportera à l' Observatoire des débits - Bilan annuel 2022 pour ce qui concerne les comparaisons temporelles au niveau métropolitain).

Sur les 64 756 tests 5G effectués en métropole, 6947 ont été mesurés dans les 20 plus grandes villes (soit 10,7 % contre un ratio d’habitants de 14%). Globalement, elles sont donc moins testées que l’ensemble métropolitain.
Le taux de présence de la 5G 3,5 GHz sur les 20 villes est de 42% contre 23% à l'échelle métropolitaine. La conversion en 5G est plus avancée sur ces villes, puisqu'il ne reste que 28% de sites 4G contre 37% en métropole.
Logiquement, le ratio des habitants par sites dotés de la fréquence 3,5 GHz est meilleur qu’en métropole (9933 vs 15013).
Treize villes présentent un ratio plus favorable que leur regroupement (<10000). En revanche, trois d’entre elles présentent un score supérieur à 18000 (presque le double de leur regroupement). Ces chiffres impliquent une sous-densification de ces communes, doublées d’un sous-équipement en fréquences hautes. Si la sous-densification s’explique par la difficulté à trouver de nouveaux points hauts sans l’appui de la commune, le sous-équipement est plus difficile à comprendre (hors contraintes chantier).

II - 3a – Profil de l’ensemble des 20 villes

Le profil des 20 villes montre une amélioration des performances sur l’ensemble du spectre, mais surtout sur le dernier décile de l’échantillon. Le gain est de 9 % sur ce décile et de 4 % sur la médiane.
Les zones les plus denses en population justifient un équipement plus performant (LTE 2100 systématique, MIMO4x4). Ce fait explique la nette supériorité du dernier 1 % de l’échantillon (1069 Mbps vs 954 Mbps).

 
II - 3b – Profil de Paris

Le profil parisien montre une amélioration sur les trois quarts bas de l'échantillon en référence à la courbe métropolitaine. Cette légère supériorité de l'échantillon parisien s'explique par un taux de présence de la fréquence large plus élevée (34% vs 23% en France entière), mais surtout par un meilleur ratio fréquence 3,5 Ghz en regard de la fréquence 700 MHz (Paris : 34%/31% - Métropole : 23 %/41 %).
La médiane s'est ainsi légèrement améliorée d'un facteur : 1,13.

 
II - 3c - Profil de Bordeaux

Le graphe bordelais met en valeur un progrès constant dès le premier percentile (donc touchant 99% de l'échantillon). La ville dispose d'un parc d'antenne bien doté en fréquences hautes (67%) et basse (29%) et d'une modernisation assez complète (seulement 4% des sites restent en 4G en fin d’année 2022).
La médiane progresse de 50 %. Les trois seuils supérieurs s’améliorent de 44 % à 46 %.
La ville détient le record de débit des 20 villes avec 1461 Mbps grâce notamment à la présence de sites dotés de fréquences émettant en MIMO 4x4 et à l'ajout précoce du 2100 MHz.

 
II - 3d – Profil de Toulon

Les antennes sont correctement dotées en fréquence haute (17 sites sur 28) et l’unique site non converti en 5G, ne pèse donc que 4 %. De plus, la moitié des dix sites équipés uniquement de la fréquence 5G 700 MHz semblent bénéficier de l’effet intersite (records de débit descendant mesuré à plus de 500 Mbps).
Le profil s’établit au-dessus du profil métropolitain sur l’ensemble du spectre. La médiane ne s’améliore que de 12 %, mais la fourchette centrale regroupant la moitié de l’échantillon se déplace nettement de 185-535 Mbps à 242-625 Mbps.

 
II - 3e – Profil de Saint-Etienne

Le taux de présence de la fréquence haute (60%) est nettement supérieur à la métropole (23%). Le profil stéphanois dépasse donc le niveau national sur l’ensemble du spectre sauf sur le dernier pourcent qu’il se contente d’égaler.
La médiane est améliorée de 21 %, la fourchette centrale progresse de 33 % pour le seuil bas et de 10 % sur le seuil haut.

 
II - 3f – Profil de Nice

Sur les 85 sites niçois, 56 % sont équipés en fréquence haute. Il reste 12 sites à convertir en 5G et le pourcentage de sites dotés de la seule fréquence basse représente 23 % des fréquences 5G.
L’échantillon – qui n’est pas le plus représentatif avec 270 mesures - présente une performance dépassant le niveau métropolitain entre le premier décile et la médiane. En revanche, on peut constater un décalage significatif et défavorable (-10 % sur le dernier quartile et -23 % sur le dernier décile). La fourchette centrale connaît un resserrement important (de 185–535 à 293–484 Mbps). Près des trois-quarts de l’échantillon sont ainsi au-dessus de 300 Mbps. En revanche, la performance médiocre sur 1 % de l’échantillon (5 Mbps vs 16 Mbps) révèle probablement un taux élevé de tests Indoor.

 
II - 3g – Profil de Dijon

Le profil dijonnais montre une amélioration forte de la situation sur tout le profil des débits jusqu’au dernier décile (90 % de l’échantillon). Comme indiqué plus haut, cette commune est en effet - d'assez loin - celle la mieux dotée en fréquences hautes (97% vs 23% en métropole et 42% pour les 20 villes).
La médiane s’améliore de 60 % en regard de la métropole. En revanche, le dernier 1 % haut se détériore. On peut présumer l’absence d’installations en MIMO4x4, voire un retard dans le développement d’une collecte performante (collecte en fibre à 1 Gbps en attente de portage vers les 10 Gbps).

 
II - 3h – Autres villes

La faible taille de l'échantillon des autres villes ne permet pas de formuler une appréciation utile à partir du profil. Nous laissons le lecteur analyser les résultats à partir des éléments du tableau.


 

La déclinaison relative aux vingt villes est terminée. Nous nous retrouverons bientôt pour d'autres analyses, restez à l'écoute.

 

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